Le jeûne en naturopathie : des méthodes ancestrales
- NaturoSo
- 23 avr. 2024
- 8 min de lecture
Qu'est-ce que le jeûne et quelles sont ses origines ?

Le jeûne peut être vu comme une chose à la mode, une méthode mise en avant par les réseaux sociaux, une pratique mensongère… Ce n'est pas du tout ça.
Il y a près de 2 500 ans, dans l'Antiquité, le célèbre médecin grec Hippocrate s'exprimait en faveur de la modération ou de l'abstinence alimentaire. Mais bien avant lui, les gens connaissaient la pratique du jeûne. Comme les preuves le suggèrent, le processus de jeûne était déjà pratiqué par les hindous il y a plus de 4 000 ans, lorsqu'ils renonçaient à la nourriture les jours de pleine lune ou de nouvelle lune.
Le jeune est une privation de nourriture volontaire, qui ne consiste à consommer que des liquides. Il peut se pratiquer pour diverses raisons, qu’elles soient philosophiques, spirituelles, religieuses, pour la perte de poids ou des raisons thérapeutiques.
Le concept de jeûne s'est élargi au fil des siècles et ce sont les bénéfices pour la santé qui ont été mis en avant.
Le jeûne est très étudié par la communauté scientifique. Mentionnons l’International Association of Hygienic Physicians (IAHP), un regroupement international de médecins et professionnels de la santé spécialisée dans la supervision du jeûne thérapeutique ; l'International Natural Hygiene Society ; et la National Health Association qui, sous le nom de American Natural Hygiene Society, fut autrefois dirigée par Herbert M. Shelton.
Notre corps supporte la pénurie.
Nos ancêtres, qui vivaient de chasse et de cueillette, devaient faire face à des périodes de disette plus ou moins longues. Notre corps a ainsi mis en place des mécanismes d’adaptation afin d’assurer notre survie, même sans nourriture. Un adulte, peut en effet tenir sans manger, mais à condition de boire. Nos réserves de graisse sont conçues pour fournir à notre organisme de l'énergie vitale pendant 60 jours maximum.
L’abondance et les excès répétés et réguliers nous tuent à petit feu.
Les effets du jeûne sur le corps
Notre corps, pour sa survie, est en effet capable de ralentir son métabolisme et d’utiliser nos graisses pour la production d'énergie, ce qui conduit à un état physiologique dit de « cétose ». En cas de cétose, l'hormone de la faim appelée la ghréline est bloquée ou sa libération est réduite.
Nous ressentons souvent une perte d’appétit lorsque nous déclenchons une maladie aiguë, ce qui nous pousse à un moment, tous comme les animaux, à jeûner de manière instinctive. Le jeûne active un mécanisme de nettoyage et de recyclage cellulaire, appelé autophagie.
Le jeûne modifie complètement le métabolisme suite à l’épuisement du glycogène.
Le glycogène est utilisé pour produire de l’énergie et pour maintenir la glycémie. Il est majoritairement stocké dans le foie (aussi dans les muscles) et permet le maintien de la glycémie au cours des 24 premières heures de jeûne. Après environ 24 heures de jeûne, les réserves de glycogène s’épuisent. Le corps va alors produire l’énergie qui lui est nécessaire à partir des réserves de tissu adipeux et de protéines.

Les principaux bienfaits du jeûne pour la santé
Favorise la gestion de la glycémie
Plusieurs études soutiennent l'utilisation du jeûne comme moyen d'améliorer le contrôle du taux de glucose et de réduire le risque de diabète.
Régule le cholestérol et les triglycérides
La raison : l’alimentation réalisée avant et après le jeûne doit être faible en sucre et graisse, et aussi riche en fibres.
Contribue au traitement de l’hypertension
En plus d’aider à réduire les taux de cholestérol et des triglycérides, le jeûne intermittent baisse le taux du mauvais cholestérol (LDL) et augmente le taux du bon cholestérol (HDL), favorisant la circulation sanguine, ce qui diminue la probabilité d’hypertension.
Contribue à la prévention des maladies
L'allègement des habitudes alimentaires semble donner à l'organisme le temps de se concentrer sur d'autres fonctions importantes, notamment la prévention des maladies.
Il peut également améliorer la capacité de l'organisme à gérer l'inflammation chronique et, de ce fait, réduire le risque de maladies cardiaques, la sclérose en plaques et la polyarthrite rhumatoïde.
Une synthèse systématique parue en 2001 a relevé 4 études contrôlées, incluant au total 143 sujets souffrant de polyarthrite rhumatoïde, qui a évalué l'effet d'un jeûne de 7 à 23 jours suivi d'une diète végétarienne. Des améliorations à long terme furent observées chez les sujets des groupes de jeûneurs (diminution de la douleur, augmentation de la capacité fonctionnelle) comparativement aux groupes témoins.
Contribue au traitement de la pancréatite aiguë
En cas de pancréatite aiguë, le jeûne est souvent de mise en raison des douleurs et de l'intolérance digestive du patient.
Un essai clinique a comparé les effets de 3 traitements : le jeûne complet seul, une combinaison jeûne complet et cimétidine (un médicament visant à réduire la quantité d’acide produit par l’estomac), et la succion nasogastrique (aspiration des liquides de l’estomac à l’aide d’un tube inséré par le nez). Il n’y a que le jeûne seul qui a permis de diminuer de façon significative la durée de la douleur abdominale.
Détoxifier l’organisme
Le jeûne contribue à l’équilibre de la flore intestinale et à détoxifier l’organisme. Cela peut permettre d’éviter certaines maladies comme l’asthme, l’arthrite, le cancer et la stéatose hépatique.
Renforcer le système immunitaire
Jeûner entraîne la régénération et la reconstruction du système immunitaire. C’est le grand nettoyage des cellules qui se met en route, éliminant ainsi produits toxiques, fermentations et autres putrescences organiques. Toutes les fonctions organiques sont ainsi facilitées, les organes émonctoires sont nettoyés et par voie de conséquence l’immunité est renforcée.

Soutien les fonctions cérébrales
Les équipes médicales de la Harvard Medical School ont démontré que les corps cétoniques synthétisés au niveau du foie nourrissent favorablement le cerveau. Cela permet d’accroître la concentration, de réguler l’humeur et de diminuer la fatigue mentale.
Des études sur l'homme indiquent que le jeûne peut réduire les symptômes d'anxiété et de dépression et améliorer le lien social. Ces constatations permettent de penser que le jeûne aurait des actions bénéfiques sur les pathologies neurodégénératives comme Parkinson ou Alzheimer.
D'autres études sont nécessaires pour évaluer ces effets, mais les résultats obtenus à ce jour sont encourageants.
Améliorer la qualité du sommeil
Une étude a démontré que le jeûne n’avait pas d’effet sur le temps total de sommeil, mais qu’il diminuait le nombre de réveils pendant la nuit.
Augmenter votre vitalité
La digestion est une des fonctions organiques qui demande le plus d’énergie au corps. Lorsque notre système digestif ne reçoit plus d'aliments solides, il se met au repos et se recharge en énergie.
Peut retarder le vieillissement et favoriser la croissance et le métabolisme
Le jeûne, et en particulier l'adoption d'un régime pauvre en protéines, a été associé dans des études animales à un allongement de l'espérance de vie.
En outre, le jeûne semble favoriser les niveaux d'hormone de croissance humaine, une hormone qui joue un rôle important dans la croissance et la réparation, le métabolisme, la force musculaire et la performance physique.
Les études actuelles sur la longévité se limitent en grande partie aux animaux.
Favorise la perte de poids
De nombreuses personnes se tournent vers le jeûne pour perdre du poids. À long terme cependant, le jeûne ne semble pas une manière efficace d’y parvenir. Il faut surtout modifier son style de vie, adopter de saines habitudes alimentaires et faire de l'exercice physique. La bonne attitude est par conséquent de considérer cette période de jeûne comme l’amorce d’un changement d’hygiène de vie.
Des études ont montré que le jeûne augmentait la capacité du métabolisme à brûler les graisses, préservait la masse musculaire et améliorait la composition corporelle chez les personnes en surpoids.
Revenir à soi, être à l’écoute de ses émotions
Manger a parfois un lien avec nos émotions ? Il semble donc logique que jeûner en ait aussi. On parle de plus en plus de nos intestins comme de notre cerveau émotionnel. Nettoyer notre système digestif libère par voie de conséquence nos émotions.
L’introspection induite par le jeûne permet de revenir à l’essentiel, à notre espace intime et à nos valeurs propres.
Quelles sont les contre-indications au jeûne
Un certain nombre de pathologies constituent une contre-indication à la pratique du jeûne :
Les enfants, adolescents, femmes enceintes ou allaitantes et les personnes âgées.
Les personnes qui souffrent de trouble du comportement alimentaire.
Les personnes qui souffrent de diabète de type 1, troubles du rythme cardiaque, insuffisance rénale ou hépatique, hyperthyroïdie, hypotension artérielle, décollement de la rétine, infections en cours.
Les personnes qui exercent un travail très physique.
Jeûner correctement - quelques règles
Le but du jeûne n'est pas de maltraiter ou de torturer votre corps, les extrêmes sont à éviter. Je vous conseille de suivre ces petites règles :
Il faut l’adapter à la réalité de son quotidien car il peut représenter un stress physique. Vous pouvez choisir de commencer par un stage. Vous serez alors en dehors de vos obligations de travail ou familiales, et vous permettez d’être soutenue dans votre démarche par la dynamique du groupe. C’est aussi une occasion d’échanger et pourquoi pas de se faire de nouveaux amis.
Évitez le jeûne en hiver. Notre corps à besoin d’énergie pour maintenir notre température corporelle, surtout si vous êtes beaucoup en extérieur.
Ne vous abstenez en aucun cas de faire de l'exercice (de façon modérée et en fonction de vos capacités physiques, par exemple de la marche), sinon vous risquez de perdre de la masse musculaire.
Si vous voulez jeûner correctement, il est important d'avoir un plan.
Un élément important pendant le jeûne : la rupture de ce dernier. Au début, seule une petite quantité d'aliment est donnée à l'estomac… C'est très important, car une alimentation trop riche et trop volumineuse immédiatement après le jeûne peut provoquer des troubles de l'appareil digestif comme des crampes d'estomac.

Les 3 étapes du jeûne
La descente alimentaire
Préparer votre corps avec deux ou trois journées de repos digestif. Ne consommer que des aliments faciles à digérer et riches en fibres. Le sucre, l’alcool, le café et le tabac sont à exclure. Le premier jour, on exclut les viandes, les poissons, les œufs et les produits laitiers, puis on élimine les céréales, les légumineuses et les féculents, pour ne conserver que les fruits et les légumes le dernier jour.
Une cure type monodiéte peut aussi servir de modèle pour préparer le jeûne.
Le jeûne en lui-même
Démarrer le jeûne hydrique. Supprimer la nourriture solide et buvez beaucoup d’eau, des infusions non sucrées, des jus de fruits ou de légumes.
Je vous explique toutes les façons de jeûner dans mon prochain article.
La reprise alimentaire
Rompez le jeûne en douceur. La reprise doit se faire progressivement, d’abord avec un fruit comme une pomme, en mâchant lentement. Ensuite on recommence à manger normalement avec de petites portions, les aliments gras en dernier. Il faut suivre le même protocole « descente alimentaire » à l’inverse.
Après le jeûne, il est important de manger un repas de faible indice glycémique, pour garantir une bonne digestion et une sensation de bien-être, ce qui peut inclure :
Champignons
Patate douce
Potiron
Quinoa
Pomme
Fraises
Framboises
Myrtilles
Blanc de poulet
Sardine ou thon conserve
Brocolis
Épinards
Tomate
Chou
Chou-fleur
Bouillons
En conclusion
Le jeûne organisé n’est pas nuisible pour la santé, bien au contraire. Le jeûne est une expérience unique qui se prépare à l’avance avec l’aide d’un naturopathe. Votre motivation et votre envie sont déterminantes. C’est une expérience formidable qui peut vous servir de tremplin pour changer vos habitudes alimentaires.
Si vous souhaitez tenter l’expérience avec un groupe, je vous partage ce lien de la Fédération Française du Jeûne et randonnée.
Ne ratez pas, la semaine prochaine, mon article sur les différentes méthodes de jeûne.
Nous verrons aussi dans cet article, l'impact du jeûne sur notre microbiote intestinal.
Si vous avez des questions, n’hésitez pas à me les poser à :
Ou consulter mon site :
Je me ferais un plaisir de vous répondre
Attention : Mes séances ne remplacent en aucun cas les consultations médicales et ne dispensent pas de traitements médicaux éventuellement suivis.
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